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Simone de Beauvoir
   

Simone de Beauvoir
Chicago, 1952, par Art Shay

J'ai une grande admiration pour Simone de Beauvoir, son oeuvre littéraire et philosophique, sa vie qui n'est pas moins passionnante à bien des égards, notamment ses rapports avec Sartre mais pas seulement ... La lecture des deux tomes du Deuxième Sexe a été essentielle dans la formation du féministe que je pense être.

Le deuxième sexe a été écrit en 1949, Simone de Beauvoir avait alors 41 ans. La photo ci-contre, que l'on peut voir non recadrée en bas de page, date de 1952, soit trois ans plus tard. Photojournaliste, Art Shay est un proche de Nelson Algren, l’amant américain de Simone de Beauvoir. Shay rencontre l’écrivaine pendant l’été 1952 alors qu’elle habite chez Algren à Chicago, rapporte Claire Guillot dans un article paru dans Le Monde du 13 janvier 2008 à propos de la polémique qu'a déclenché la publication de cette photo en couverture du Nouvel Observateur pour le centenaire de la naissance du Castor le 3 janvier 2008. "Nelson vivait dans un quartier malfamé de Chicago, dans un appartement sans salle de bains. Il m’a chargé de trouver un endroit où Simone pourrait se laver", précise Art Shay. Le lendemain, celui-ci accompagne la Française chez une amie qui lui prête un appartement avec baignoire. Ils sont seuls et Nelson Algren l’a prévenu : "Fais attention à toi, elle aime les hommes jeunes !" Alors qu’elle se lave, la porte reste ouverte. Quand elle se recoiffe, chaussée de ses mules, Art Shay sort son Leica. "Elle m’a entendu déclencher, s’est retournée et m’a dit en riant : "Vilain garçon !" Elle n’était pas fâchée. Elle avait, comme Nelson, des moeurs très libres."

Loin du monstre sacré intouchable, à mille lieues de l'icône historique d'un féminisme parfois mal digéré par d'austères puritaines et puritains des deux côtés de l'océan Atlantique, cette photo fantastique, érotique, dont on douterait presque qu'elle n'ait pas été posée tant la posture est belle, illustre parfaitement le caractère subversif et non conformiste de Simone de Beauvoir, donnant vie hors des conventions à un féminisme joyeux, charnel et, même, polisson.

 

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